courant-d-air

"Le malheur est père du bonheur de demain."

Dimanche 20 mai 2007 à 16:51

J'ai fait un rêve. En fait non, ce n'était pas vraiment un rêve, mais plutôt quelque chose de déjà vécu. Debout sous la pluie, j'assistais à cette scène, personne ne me voyait, personne ne m'entendait. J'étais inexistante.
 

 

C'était le début d'une froide matinée de mars, et pourtant c'était comme si le soleil se couchait sur sa vie. Elle se tenait debout et regardait, le visage inexpressif, démarrer la voiture. J'avais l'impression de la connaître et de souffrir pour elle. Non pas à sa place, mais simplement ressentir ce qu'elle ne s'autorisait pas à ressentir elle-même, cachée derrière son masque d'indifférence.

La voiture s'était maintenant avancée pour partir, et elle le regardait, assis à l'arrière du véhicule. Le temps et la distance grandissaient ensemble. Alors qu'elle le voyait encore à peine, il tourna la tête et elle pu voir pour la dernière fois son visage. Arrêter le temps, fuir, ou rester faiblement là, à attendre qu'il ait disparu ?

Elle ne le voyait déjà plus, mais elle continuait à suivre la voiture des yeux, jusqu'au dernier virage. Elle se sentait se déchirer de l'intérieur, mais elle ne laissait rien paraître.
La voiture avait disparu depuis longtemps, mais elle fixait encore la route vide, plus rien du monde extérieur ne la concernait, pas même les trois autres filles qui attendaient avec elle.



*Une voix* "Ca va, Zil ?"
Elle n'avait pas répondu, incapable de parler, ni même détourné les yeux du point où le visible devenait horizon.
*Une autre* "Tu sais, je crois que ce n'est pas le moment de lui poser de questions."
*Une troisième* "Viens ma chérie."

 



 

Jeudi 3 mai 2007 à 22:33

- Tu aurais dû le lui dire.
 

- Hein nan mais t'es pas bien !
 

- Ou alors lui écrire une lettre enflammée. Le lui faire comprendre, quoi. C'est ton silence qui a été à l'origine de ta perte.
 

- Je ne pouvais pas. Je ne peux pas le dire. C'est quelque chose que l'on ressent, pas besoin de l'exprimer.
 

- Pourquoi le mot aurait-il été inventé alors ?
 

- Pour infliger une autre frustration à l'homme. Le mot n'est rien comparé à l'intensité et la pureté des sentiments, et on ne s'en rend compte qu'en le prononçant. C'est tout le problème de l'incommensurable et de l'ineffable.
 

- Et lui ? As-tu déjà pensé à lui ? Qui te dit qu'il n'attendait pas que tu ouvres simplement la bouche ? Tu vois, à toujours vouloir te faire passer après les autres, tu as commis un acte honteusement égoïste ! T'en rends-tu compte ?
 

- On dirait que ça t'amuse d'imaginer ce qui aurait pu se passer. Tu sais très bien quelles conséquences cela aurait eu pour nous. On ne revient pas si facilement en arrière, tu sais...


 

[Dialogue avec ma moitié cachée]


 

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